Cette élection donnera-t-elle naissance à un Québec plus innovant ?

Par Pierre-Philippe Lortie, directeur des affaires gouvernementales de CCI Québec

Au cours des premières semaines de la campagne électorale québécoise, on a beaucoup parlé de l'immigration et du caractère culturel du Québec. Depuis des mois, l'ICC s'inquiète des changements apportés à la loi linguistique du Québec par le projet de loi 96, et plus de 150 chefs d'entreprise ont signé notre lettre ouverte demandant au gouvernement de ralentir, sous peine de causer des dommages irréparables à l'économie de la province.

Nous sommes heureux que notre lettre ouverte ait reçu de l'attention dès le début de la campagne, et nous sommes heureux que les politiciens parlent de la politique d'immigration. Nous croyons fermement que l'immigration est un moyen important pour les entreprises technologiques québécoises de recruter les meilleurs talents.

Mais l'immigration n'est pas la seule question qui nous préoccupe. Il y a beaucoup d'autres sujets dont les politiciens québécois devraient parler pendant la campagne électorale.

Lors des élections provinciales de 2018, Eric Boyko, Dax Dasilva, Fred Lalonde et Louis Têtu de CCI Québec ont écrit dans le Globe and Mail que " le Québec a besoin de nouvelles stratégies d'innovation pour uniformiser les règles du jeu pour les technologies nationales. " Quatre ans plus tard, notre secteur technologique est devenu encore plus essentiel à la prospérité économique à long terme du Québec, mais les stratégies économiques du gouvernement n'ont pas suivi le rythme.

Cette élection devrait s'attacher à lever les obstacles qui empêchent les entreprises de se développer à l'échelle mondiale à partir du Québec, car les entreprises à forte croissance ayant leur siège social au Québec sont d'importants créateurs d'emplois et de richesses dans l'économie du 21e siècle. Voici quelques idées que les politiciens devraient envisager de soutenir pour aider les entreprises technologiques à se développer à l'échelle mondiale.

• Ajuster les crédits d'impôt du Québec pour favoriser la création d'emplois et la R&D dans les entreprises ayant leur siège au Québec

Actuellement, les généreux crédits d'impôt accordés par le gouvernement québécois aux entreprises de médias numériques et de technologie ont fait du Québec une juridiction attrayante pour les entreprises technologiques étrangères qui souhaitent ouvrir des bureaux, ce qui a augmenté le braconnage de talents entre les entreprises. Plus il est difficile pour les entreprises locales de rivaliser avec les grandes entreprises étrangères pour attirer des talents, plus les entreprises locales cherchent à embaucher dans des juridictions hors du Québec. Il s'agit d'une course vers le bas. Ces programmes fiscaux (CDAE et CTMM) devraient être réorientés pour soutenir la croissance des entreprises ayant leur siège social au Québec.

• Promouvoir le contenu local dans les marchés publics

Le soutien le plus précieux que le gouvernement puisse apporter à une entreprise est un bon de commande, car la vente de produits et de services au gouvernement agit comme un validateur majeur qui permet à une entreprise à forte croissance d'obtenir d'autres contrats avec d'autres grands clients. Le prochain gouvernement doit adopter une approche pangouvernementale pour réduire la charge administrative et accroître la transparence du processus de passation des marchés. L'objectif du gouvernement devrait être de faciliter une plus grande participation des entreprises québécoises innovantes, ce qui stimulera la croissance économique tout en permettant au gouvernement d'accéder à des services innovants.

• Travailler avec les entreprises technologiques pour comprendre la pénurie de talents qualifiés

Si le projet de loi 96 a tant galvanisé les chefs d'entreprise du Québec, c'est en partie parce que la province est déjà confrontée à une pénurie de main-d'œuvre qualifiée et que la loi menace d'aggraver une situation déjà difficile. Au début de l'année, l'ICC a publié une stratégie complète sur les talents et les compétences, assortie de recommandations politiques visant à aider les entreprises technologiques à attirer, retenir et générer davantage de talents. Nos dirigeants doivent nous en dire plus sur la manière dont ils entendent travailler en collaboration avec les entreprises pour résoudre la crise des talents.

Les entreprises technologiques en expansion qui connaissent déjà une croissance rapide sont d'une importance vitale pour l'économie du Québec au 21e siècle. Ces entreprises ont déjà fait leurs preuves et, avec un soutien approprié du gouvernement, les entreprises technologiques en croissance d'aujourd'hui peuvent ancrer l'économie future du Québec.

Si vous souhaitez en savoir plus sur le travail de l'ICC au Québec, contactez Pierre-Philippe Lortie à l'adresse suivante plortie@canadianinnovators.org

‍