Il est temps pour le Canada d'accélérer son programme d'innovation

10 mars 2022

Par Dana O'Born, vice-présidente de l'ICC chargée de la stratégie et de la défense des intérêts

À l'automne dernier, une fois que la poussière est retombée après les élections fédérales et que Justin Trudeau a choisi son nouveau cabinet, chaque ministre a reçu une lettre de mandat du Premier ministre décrivant ses attentes à l'égard de chacun d'entre eux dans leur rôle particulier. Ces lettres ont permis de traduire les promesses du programme électoral en priorités gouvernementales, et elles ont clarifié pour nous, dans l'industrie, qui est la personne de référence au sein du gouvernement pour certains dossiers importants, et quels ministres sont censés collaborer pour obtenir des résultats.

À la CCI, nous lisons ces lettres au peigne fin - et les relisons souvent. Nos positions de plaidoyer sont toujours guidées par nos PDG, mais lorsque nous constatons une concordance entre les priorités de nos membres et celles du gouvernement, cela nous aide à rationaliser nos efforts. À l'approche du prochain budget fédéral, le premier depuis les élections et le deuxième depuis 2019, nous chercherons à voir quels ministres ont été les plus efficaces pour obtenir des ressources pour les priorités de leur mandat, et quelles initiatives n'ont pas été mentionnées du tout.

Pour le budget 2022, voici quatre points sur lesquels nous attendons un changement de la part du gouvernement fédéral :

Répondre à la pénurie de talents hautement qualifiés au Canada

Nos membres nous ont dit que l'inflation des salaires pour les talents technologiques hautement qualifiés est de 20 % par rapport à la même époque l'année dernière. Dans notre enquête de fin d'année, nos membres ont également déclaré qu'en moyenne, ils souhaitent augmenter leurs effectifs de plus de 20 % en 2022 pour répondre à la demande. L'accès aux talents a toujours été une priorité de plaidoyer pour l'ICC, mais nous l'avons entendu de plus en plus souvent de la part de nos membres au cours de la pandémie.

Avec le passage au travail à distance, le marché du travail pour les talents technologiques qualifiés est de plus en plus mondial. Les travailleurs qualifiés peuvent désormais travailler pour des entreprises internationales sans avoir besoin de changer de ville ou même de quitter leur bureau. C'est ce que nous appelons l'exode des cerveaux 2.0 et c'est un changement énorme pour l'économie de la main-d'œuvre.

Mais il ne s'agit pas d'une histoire de "sociétés canadiennes qui ne veulent pas payer les taux du marché". Nos entreprises veulent toutes être compétitives pour attirer les meilleurs talents dans le domaine de la technologie et elles offrent des rémunérations concurrentielles. L'inflation des salaires témoigne d'une pénurie de l'offre alors que la demande pour ces compétences est très élevée. Les gouvernements doivent reconnaître qu'il existe une inadéquation entre l'offre et la demande, et la solution consiste à stimuler l'offre.

Dans sa lettre de mission, le Premier ministre a chargé le ministre de l'Immigration, Sean Fraser, de collaborer avec Carla Qualtrough, ministre de l'Emploi, du Développement de la main-d'œuvre et de l'Intégration des personnes handicapées, pour "établir un système d'employeur de confiance pour les entreprises canadiennes qui embauchent des travailleurs étrangers temporaires et, dans le cadre de l'amélioration du volet "talents mondiaux" du programme des travailleurs étrangers temporaires, simplifier les renouvellements de permis, maintenir le délai de traitement de deux semaines et mettre en place une ligne d'assistance téléphonique pour les employeurs".

La réponse du Canada devra aider les entreprises à devenir plus compétitives dans la course aux talents. L'établissement de voies d'accès fiables à la résidence permanente (RP) pour le recrutement d'entreprises à forte croissance, l'accélération du soutien aux programmes de perfectionnement et de recyclage des compétences au Canada et le financement de nouveaux programmes de soutien aux micro-crédits permettront de répondre aux besoins en talents des entreprises de notre pays qui connaissent la croissance la plus rapide. Pour remédier à la pénurie de talents au Canada, nous devons augmenter la production, l'attraction et la rétention de travailleurs qualifiés afin que le Canada soit compétitif dans l'économie mondiale de l'innovation.

Accélérer la modernisation de la RS&DE

Depuis sa création en tant qu'association nationale d'entreprises en 2015, l'ICC a toujours demandé au gouvernement fédéral de moderniser ses programmes de recherche et de développement afin de répondre aux besoins des entreprises innovantes à forte croissance. À ce titre, nous avons été heureux de voir dans la lettre de mandat de la vice-première ministre et ministre des Finances Chrystia Freeland qu'elle était chargée de réformer le programme de recherche scientifique et de développement expérimental (RS&DE) pour " réduire les formalités administratives, aligner les dépenses admissibles sur l'innovation et la R&D d'aujourd'hui, et rendre le programme plus généreux pour les entreprises qui prennent les plus grands risques. "

Dans cette économie numérique axée sur la propriété intellectuelle (PI) et les données, le gouvernement devrait encourager la création de PI en permettant que les coûts liés à la PI soient reconnus comme des coûts éligibles au programme de RS&DE. Le gouvernement devrait également cesser d'accorder des incitations à la RS&DE aux entreprises étrangères qui exportent leur propriété intellectuelle à l'étranger. La RS&DE, et en particulier sa partie remboursable, n'apporte une valeur matérielle et à long terme au Canada que si la PI qui découle de l'investissement reste au Canada. Avec la ministre Freeland à la tête du ministère des Finances, nous espérons que la modernisation de la RS&DE sera prise en compte dans le budget de cette année.

Améliorer la cyberpréparation et la résilience numérique du Canada

Le Canada est arrivé à mi-parcours de sa stratégie nationale de cybersécurité quinquennale introduite en 2018. Il est donc nécessaire d'examiner le travail accompli à ce jour et de prévoir le travail qu'il reste à faire. Pour l'ère numérique post-pandémique, le gouvernement doit appliquer une lentille économique pour soutenir la croissance et assurer la résilience des institutions et des citoyens canadiens.

Dans sa lettre de mandat, Marco Mendicino, ministre de la Sécurité publique, est chargé de travailler en étroite collaboration avec Anita Anand, ministre de la Défense, Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères, et François-Philippe Champagne, ministre de l'Innovation, afin d'élaborer et de mettre en œuvre une "stratégie nationale renouvelée en matière de cybersécurité, qui définira la stratégie à long terme du Canada pour protéger notre sécurité nationale et notre économie, dissuader les acteurs de la cybermenace et promouvoir un comportement international fondé sur des normes dans le cyberespace".

L'ICC demande en particulier que le budget 2022 consacre des fonds à la croissance du réservoir de cyber-talents du Canada - par le biais de l'immigration, de l'enseignement post-secondaire et de l'amélioration des compétences - pour les rôles techniques et non techniques dans le domaine de la cybernétique. Le budget devrait également soutenir la création de propriété intellectuelle pour les entreprises qui s'engagent à se développer à partir du Canada, et accélérer la validation des concepts avec le gouvernement et le secteur public au sens large.

La lettre de mandat du ministre délégué aux Finances, Randy Boissonnault, lui enjoint également de "lancer un modèle canadien de services bancaires ouverts d'ici le début de 2023". Nous sommes maintenant très proches du premier anniversaire du rapport du gouvernement fédéral sur les services bancaires ouverts, daté d'avril 2021. À ce jour, l'industrie canadienne de la fintech n'a constaté aucun progrès dans la mise en œuvre des recommandations du comité consultatif, y compris la nomination d'un responsable des services bancaires ouverts. Les innovateurs du secteur canadien de la fintech attendront du budget 2022 une mise à jour des plans du gouvernement en matière de services bancaires ouverts.

Mesurer les résultats de l'innovation et maximiser les dépenses d'innovation et de R&D

Nous sommes très intéressés par ce que le budget 2022 nous réserve pour stimuler l'innovation et la commercialisation au Canada, et plus particulièrement par les détails qui seront communiqués sur la nouvelle Agence canadienne de développement de la recherche avancée (CARPA) que le ministre de l'Innovation, François-Philippe Champagne, est chargé de mettre en place. Dans sa lettre de mandat, il a été chargé d'élaborer une "nouvelle approche pour soutenir la recherche et le développement transformateurs à haut risque et à haut rendement afin de libérer de nouvelles idées de recherche audacieuses, de favoriser les percées technologiques, de protéger l'avantage concurrentiel du Canada et d'aider les entreprises canadiennes à croître et à créer des emplois hautement qualifiés".

Comme l'a écrit Benjamin Bergen, président de l'ICC, dans le Hill Times le mois dernier, "le Canada aura besoin de plus qu'une agence de recherche avancée bien financée si nous voulons que son travail se transforme en innovation et en croissance économique durable". La mise en place de politiques, de stratégies et d'incitations appropriées peut garantir que l'économie canadienne est le principal bénéficiaire de la R&D financée par les pouvoirs publics. Cela signifie qu'au moment où le gouvernement fédéral élabore les structures de gouvernance et de politique pour le fonctionnement de cette nouvelle agence, il sera essentiel de s'assurer que les résultats produiront une valeur matérielle à long terme pour le Canada. Par exemple, le gouvernement doit veiller à ce que la propriété intellectuelle découlant de ces investissements continue à résider au Canada et à être commercialisée au profit des Canadiens. Nous espérons que les consultations sur cette nouvelle agence seront bientôt lancées et que les membres de l'ICC participeront à l'élaboration des cadres politiques de cette initiative.

Ce ne sont là que quelques-unes des priorités de nos membres pour le budget fédéral de cette année. Notre mémoire complet est [disponible ici](https://www.dropbox.com/s/1wf605nkcw67rez/2021-08-06 - CCI 2022 Pre-Budget Submission FINA.pdf ?dl=0&utm_source=hs_email&utm_medium=email&_hsenc=p2ANqtz--BBRLliH0Ccvlp7r5gCh2UNTYZgYeml8UOuo-TnHc6h2XpXsaxpPv6ASyTBZwLqgJI43gA), Le budget 2022 est une excellente occasion pour la ministre Freeland et le gouvernement de montrer les progrès accomplis dans la réalisation des priorités énoncées dans les lettres de mandat du Premier ministre, et d'accélérer le programme d'innovation du gouvernement afin de soutenir le rebond économique post-pandémique du Canada.

Pour plus d'informations sur la défense des intérêts fédéraux de l'ICC, veuillez contacter Dana O'Born, vice-présidente de l'ICC chargée de la stratégie et de la défense des intérêts. Elle est joignable à l'adresse suivante doborn@canadianinnovators.org

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