C'est 2021. Nous méritons mieux que des reçus de vaccination sur papier

11 août 2021

Par Dana O'Born, directrice des initiatives stratégiques de l'ICC

Cette semaine, le Québec a annoncé qu' il serait la première province canadienne à interdire aux personnes non vaccinées l'accès aux salles de cinéma, aux bars, aux restaurants et à d'autres lieux non essentiels.

Pour entrer dans ces entreprises, les personnes devront présenter une preuve de vaccination grâce à un nouveau système numérique que le gouvernement du Québec met en place le 1er septembre. Ce système a été salué par les chefs d'entreprise du Québec comme un outil important qui permettra de garder les commerces ouverts si une éventuelle quatrième vague frappe et que de nouvelles restrictions en matière de santé publique sont ordonnées.

Toutefois, de l'autre côté de la rivière des Outaouais, en Ontario, les restaurateurs locaux ne sont pas aussi bien équipés. À l'heure actuelle, Queen's Park ne prévoit pas de permettre aux propriétaires d'entreprises d'authentifier le statut vaccinal de leurs clients. Le ministre de la santé a déclaré cette semaine que le reçu que l'on glisse dans sa poche après s'être fait vacciner était suffisant.

Pour être honnête, à ce stade de la pandémie, l'expression "passeport vaccinal" a plus de poids qu'un tapis roulant dans un aéroport. Ainsi, au lieu de parler de passeport vaccinal, les gens se sentiraient peut-être mieux dans la situation si nous l'appelions simplement par son nom : "Permettre aux citoyens d'accéder à leurs propres données médicales de manière sécurisée".

Si une entreprise veut demander aux gens de prouver qu'ils sont vaccinés et qu'un individu est prêt à fournir une telle preuve, pourquoi ne pourraient-ils pas le faire tous les deux ?

Et même si nous essayons de vivre dans le déni, nous finirons par être contraints d'adopter un système raisonnable de preuve de vaccination, car les Canadiens en auront besoin pour voyager à l'étranger. Vendredi dernier, Ottawa a nommé Scott Jones, chef de la cybernétique au Canada, responsable des "certificats de vaccination" et, mercredi, le ministre canadien de l'immigration a finalement annoncé que le Canada allait mettre en place un système de preuve de vaccination pour les voyages internationaux. Le communiqué de presse ne mentionne pas le néologisme "passeport vaccinal".

Ce qui est si frustrant dans la situation actuelle, c'est qu'elle est étonnamment familière aux innovateurs qui suivent de près les questions relatives à la vie privée des patients, aux dossiers médicaux électroniques et aux données de santé.

Des millions de personnes portent des Apple Watches, qui intègrent des moniteurs de fréquence cardiaque, des électrocardiogrammes et des podomètres. Apple propose également une application qui permet aux femmes de suivre leur cycle menstruel. De l'exercice au suivi du sommeil en passant par les applications de régime, les gens utilisent des logiciels connectés à l'internet pour transmettre de grandes quantités de données à des sociétés privées, parce qu'ils sont avides d'utiliser la technologie du 21e siècle pour gérer leur santé.

Mais au Canada, l'écrasante majorité de nos données de santé restent hors limites, parce qu'elles sont détenues par les autorités de santé publique, et que nous n'avons pas investi dans les systèmes permettant aux individus d'accéder à leurs propres données et de les utiliser comme ils l'entendent.

Je peux renouveler mon permis de conduire, payer mes impôts et prendre mon rendez-vous de vaccination en ligne, mais je ne peux pas vérifier et partager en toute sécurité mon statut vaccinal COVID-19 en ligne. Il y a quelque chose qui cloche.

La preuve numérique de vaccination pourrait être une occasion en or de commencer à mettre en place une infrastructure sérieuse permettant aux citoyens d'accéder à leurs données de santé, comme l'ont fait des pays avancés tels que l'Estonie, la Finlande et le Danemark.

En Ontario, les données relatives à la vaccination COVID-19 sont stockées dans un système appelé COVaxON, et le fait d'ouvrir l'accès à ce type de données de manière sécurisée pourrait changer la donne. Si les entreprises peuvent comprendre où se trouvent les données et y accéder de manière sécurisée, responsable et respectueuse de la vie privée, sur la base du consentement des personnes, ces données peuvent être utilisées pour soutenir et protéger la santé publique. L'Ontario devrait au moins veiller à ce que ces données soient accessibles par le biais de tout outil de vérification numérique créé par le gouvernement fédéral, dont le ministre des affaires intergouvernementales a déclaré qu' il pouvait être utilisé au niveau national.

Le fait est qu'un système de preuve de vaccination est presque inévitable. En ce qui concerne la situation en Ontario, John Michael McGrath, de TVO, a récemment présenté les chiffres dans une excellente chronique, et le résultat est le suivant : la minorité non vaccinée pourrait encore submerger les unités de soins intensifs de nos hôpitaux, ce qui serait désastreux pour les vaccinés comme pour les non-vaccinés.

Les millions de citoyens qui ont fait ce qu'il fallait et qui ont reçu leurs deux doses de vaccin ne vont pas souffrir de nouvelles fermetures d'envergure alors qu'un petit groupe de personnes qui refusent de se faire vacciner peut faire s'effondrer le système de soins de santé.

Les parents ne vont pas subir une nouvelle année d'enseignement en ligne en sachant pertinemment que les écoles du Canada exigent déjà une preuve de vaccination contre les oreillons, la rougeole, la varicelle et une demi-douzaine d'autres maladies.

Une bonne chose est que lorsque le gouvernement canadien et d'autres provinces finiront par mettre en place des vérifications numériques, ils n'auront pas besoin de chercher bien loin pour trouver les entreprises capables de les aider. Le Canada compte de nombreuses entreprises qui ont déjà de l'expérience en matière d'identité numérique, de protection de la vie privée, de cybersécurité et de données médicales.

La seule vraie question est de savoir si nous allons bricoler quelque chose, à la hâte et de manière imparfaite, ou si nous allons utiliser la preuve de vaccination COVID-19 pour commencer à construire l'infrastructure technologique qui permettra aux citoyens d'accéder à leurs données médicales.

Dans de nombreux domaines de notre vie, le COVID-19 a déjà accéléré l'adoption du numérique, qu'il s'agisse du travail à distance ou du commerce électronique. Les vaccins peuvent être une nouvelle occasion de faire un pas en avant.

En 2021, nous méritons mieux qu'une preuve sur papier que nous avons fait le bon choix.

Dana O'Born dirige les initiatives nationales et de politique de santé de l'ICC et peut être contactée à l'adresse suivante : doborn@canadianinnovators.org.

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