Si le gouvernement doit jouer le rôle d'investisseur, il doit agir comme tel
21 juillet 2021
Par Tessa Seager, directrice des affaires gouvernementales de l'ICC en Colombie-Britannique.
Si vous avez déjà parcouru un communiqué de presse gouvernemental ou vu une annonce de financement politique, vous avez probablement entendu un politicien parler d'investissement.
Qu'il s'agisse de routes ou d'écoles, de soins aux personnes âgées ou de protection de l'environnement, les hommes politiques ne parlent presque plus de dépenses publiques, mais d'investissements. L'argent est investi à peu près de la même manière que j'investis dans des produits d'épicerie pour ne pas mourir de faim.
L'affinité des politiciens pour le mot "investissement" détourne l'attention du fait que les gouvernements investissent littéralement dans les entreprises canadiennes au sens traditionnel du terme, en offrant du capital de croissance aux entreprises dans le cadre d'une stratégie de développement économique.
Les agences de développement régional (ADR) constituent l'un des principaux vecteurs d'investissement en matière de développement économique au Canada. Jusqu'à présent, les 12 millions d'habitants des quatre provinces situées à l'ouest de l'Ontario étaient couverts par une seule ADR (Diversification de l'économie de l'Ouest), mais Ottawa est en train de mettre en place une nouvelle ADR chargée de stimuler la croissance économique exclusivement en Colombie-Britannique.
C'est pourquoi j'ai discuté avec les membres britanno-colombiens du Conseil des innovateurs canadiens de la bonne façon de mettre en place une nouvelle agence de développement économique. Les entreprises membres du CCI sont des entreprises technologiques locales à grande échelle dont les produits et services ont fait leurs preuves sur le marché - en d'autres termes, exactement le type d'entreprises que le gouvernement fédéral devrait soutenir. Au fil de mes conversations, un sentiment commun se dégage : si le gouvernement doit jouer le rôle d'investisseur, il doit agir comme tel.
Les investisseurs font des choix stratégiques. Ils font des paris importants, fondés sur des paramètres testés, sur des entreprises qui ont fait leurs preuves sur le marché. Les investisseurs font preuve de diligence, mais ils veillent à ce que le processus soit rationalisé, modernisé et accessible. Et pour compléter leur financement, ils mettent à la disposition des entreprises de leur portefeuille des personnes intelligentes et expérimentées qui jouent le rôle de mentors et d'accompagnateurs.
Trop souvent, les gouvernements au Canada essaient de répartir les financements de manière uniforme, en investissant trop peu dans trop d'entreprises. Cela ne permet pas aux entreprises prometteuses de disposer de suffisamment de capital pour se développer et gaspille beaucoup d'argent dans des start-ups douteuses qui n'ont pas de perspectives commerciales sérieuses. Pire encore, les investisseurs publics imposent trop souvent des conditions d'éligibilité et des procédures de demande et de déclaration lourdes, qui non seulement obligent les entreprises à consacrer des ressources à la paperasserie, mais qui entraînent également des délais d'exécution trop longs. L'effet cumulatif est un retour sur investissement limité, une création d'emplois limitée et une croissance économique limitée.
C'est suffisant pour que certains disent : "Le gouvernement devrait laisser les investissements aux professionnels". Mais ce n'est pas la bonne conclusion.
Il est vrai qu'il y a beaucoup de capitaux à trouver dans le secteur privé, en particulier pour les entreprises en expansion qui génèrent des revenus avec des produits testés sur le marché. Mais une grande partie de ces capitaux provient d'investisseurs étrangers, ce qui signifie que les avantages économiques et un certain contrôle sur la trajectoire des entreprises canadiennes sont cédés à des non-Canadiens.
En tant que pays, nous devrions nous efforcer de faire en sorte que les entreprises canadiennes locales puissent développer leurs activités sans se vendre. À cette fin, la nouvelle ADR de la Colombie-Britannique constitue un grand pas dans la bonne direction pour la côte ouest.
Mais le diable est toujours dans les détails. Le succès dépend de la mise en place de l'ADR pour qu'elle fonctionne comme un véritable investisseur avec lequel les innovateurs veulent s'engager. La nouvelle ADR devrait être habilitée par le gouvernement fédéral à déployer rapidement des sommes importantes en faveur d'entreprises ciblées à forte croissance et testées sur le marché, opérant dans des domaines prioritaires provinciaux clés tels que les technologies propres, la santé et les biosciences, la cybersécurité, la fintech et les technologies numériques. Pour éviter la création d'un autre intermédiaire lourd en matière d'innovation, Ottawa devrait travailler avec les chefs d'entreprise locaux pour élaborer des critères de candidature gérables, des critères d'investissement modernes et des critères de rapport pratiques. Plus important encore, le gouvernement devrait donner le feu vert à cette agence pour qu'elle fasse de gros paris sur les entreprises les plus prometteuses de la Colombie-Britannique.
Alors que nous émergeons de la pandémie, la reprise de la Colombie-Britannique repose sur les épaules de ses entreprises locales, qui sont les mieux placées pour rebondir et relancer l'économie. Si elle est mise en œuvre de manière stratégique, la nouvelle agence de développement régional pourrait apporter de grands bénéfices à l'économie de la province pour les années à venir.
Vous pouvez lire d'autres idées de l'ICC pour assurer le succès de l'Agence de développement régional de la Colombie-Britannique dans [notre lettre à la ministre Mélanie Joly](https://www.dropbox.com/s/zc61i28ctu8czfi/CCI - RDA Submission - June 8 2021.pdf?dl=0).
REJOIGNEZ LE BULLETIN D'INFORMATION DE LA CCI