L'harmonisation des crédits d'impôt pour l'industrie numérique au Québec mérite d'être examinée de plus près
22 mars 2024
Par Jean-François Harvey
Directeur des affaires québécoises de la CCI
Depuisque l'ICC parle de politique d'innovation au Québec, le crédit d'impôt multimédia du Québec (CIMQ) est au centre de nos préoccupations. Nous avons critiqué cette politique pendant des années et nous avons parfois reçu de sérieuses critiques. Les gens se demandent pourquoi nous voudrions mettre fin à une politique qui a permis de maintenir une industrie locale du jeu vidéo qui emploie environ 13 500 personnes - sur un total de 32 000 au niveau national.
À l'ICC, nous avons toujours plaidé pour que les gouvernements veillent à ce que leurs politiques économiques soutiennent les entreprises locales à forte croissance, car les entreprises technologiques à grande échelle sont essentielles pour stimuler une croissance soutenue et créer des avantages économiques significatifs.
Et soyons francs : le CTMM n'a pas réussi à le faire. Une étude récente publiée par les chercheurs Michaël Robert-Angers et Luc Godbout de l'Université de Sherbrooke a montré que l'écrasante majorité des entreprises qui bénéficient du crédit d'impôt sont des multinationales étrangères. De plus, une fois le CTMM et les autres crédits pris en compte, seulement 5 % des entreprises bénéficiant du CTMM paient effectivement des impôts sur le revenu des sociétés à la province.
C'est pourquoi nous pensons que le gouvernement a fait un pas dans la bonne direction avec le budget 2024. Le gouvernement prévoit essentiellement de modifier le crédit d'impôt CTMM, qui se concentre sur la production de jeux vidéo et de médias numériques, et de l'harmoniser avec le crédit d'impôt plus large pour le commerce électronique, qui bénéficie généralement à d'autres entreprises technologiques.
Il s'agit de seuils spécifiques de plafonnement des salaires, de ratios de crédits d'impôt remboursables et non remboursables, et de ce genre de détails pour lesquels on engage des comptables.
Mais dans l'ensemble, le gouvernement a raison de dire que ces changements garantiront une plus grande équité pour le secteur technologique, étant donné que les entreprises qui ont généralement bénéficié des crédits d'impôt pour les médias numériques sont largement en concurrence pour les mêmes talents qualifiés que ceux que les entreprises technologiques embauchent. En accordant une subvention plus importante aux studios de jeux vidéo, il désavantage injustement les entreprises technologiques à grande échelle.
Au-delà des changements spécifiques, ce qui est vraiment passionnant dans ces changements politiques, c'est qu'ils montrent qu'il est possible pour le gouvernement de s'attaquer à une réforme politique ambitieuse en période de difficultés économiques - même lorsqu'un nombre important d'emplois est en jeu.
La vérité est que les emplois dans les studios de jeux vidéo qui sont soutenus par le crédit d'impôt pour les médias numériques sont généralement le genre de personnes qui n'auront aucune difficulté à trouver un emploi, même sans subvention gouvernementale. De plus, en subventionnant des multinationales étrangères qui enregistrent la majeure partie de leurs revenus et de leurs profits à l'extérieur du Canada, ces crédits d'impôt n'ont historiquement pas fait un grand travail de création de richesse et de croissance économique pour le Québec.
Un aspect intéressant de cette situation est que le gouvernement fédéral étudie actuellement le crédit d'impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental (RS&DE). Nous espérons qu'Ottawa suivra les traces du Québec en réformant la RS&DE - en optimisant les détails et en se concentrant sur la façon de créer le plus grand bénéfice pour l'économie globale.
Pour en savoir plus sur le travail de l'ICC au Québec, contactez Jean-François Harvey à l'adresse suivante jfharvey@canadianinnovators.org
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