Cinq questions à James Keirstead, président-directeur général de Levven

Levven est une société d'électronique basée à Edmonton, en Alberta, qui se spécialise dans la création de commandes de puissance et d'interrupteurs sans fil qui rendent les maisons plus abordables, plus personnelles et plus durables.

James Keirstead s'est récemment entretenu avec le président de l'ICC, Benjamin Bergen, au sujet de la technologie sans fil de Levven, de l'écosystème actuel du logement au Canada et de la façon dont les cadres réglementaires peuvent mieux aider les innovateurs canadiens.

Cette transcription est éditée pour des raisons de longueur et de clarté.

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Benjamin Bergen : James, merci d'avoir pris le temps de discuter avec moi. Pouvez-vous nous donner une idée de la manière dont Levven a démarré ?

James Keirstead : Croyez-le ou non, Levven est né de mon ancienne vie. Je suis l'un des fondateurs d'une entreprise appelée Blue Falls Manufacturing, et nous avons créé une marque appelée Arctic Spas. Ce qui était unique à propos d'Arctic Spas, c'est que nous ne nous contentions pas d'assembler des composants provenant d'autres entreprises - nous avons intégré verticalement une grande partie de notre chaîne d'approvisionnement.

Nous avons commencé à fabriquer nos propres commandes ici même à Edmonton. Nous avons été les premiers à connecter les jacuzzis à Internet à l'aide d'une application pour appareil mobile.

Quelques années plus tard, j'ai rencontré un constructeur d'Edmonton qui préparait les murs d'une maison et voulait les sceller, mais ne pouvait pas le faire parce que les fils dans les murs devaient être inspectés. Il cherchait un moyen de retirer les fils des murs. Quelqu'un d'Alberta Innovates l'a présenté à mon ingénieur en chef et à moi-même, et nous avons tout de suite vu l'idée.

Nous nous sommes demandé si nous pouvions installer un interrupteur mural alimenté par une batterie qui utiliserait une fréquence radio pour communiquer avec un contrôleur d'alimentation situé dans la boîte de jonction derrière une lampe ou une prise de courant. De cette manière, il n'est plus nécessaire d'installer des câbles dans les murs, ce qui permet d'économiser de l'argent et du temps.

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BB : C'est une excellente idée pour créer une entreprise ! Cette technologie peut-elle être utile en termes d'offre de logements ?

Le logement fait l'objet d'un débat national de grande ampleur en ce moment, avec une offre insuffisante et une énorme frustration parmi les acheteurs potentiels. Étant donné la proximité de Levven avec l'écosystème du logement, cela vous donne-t-il une idée des solutions possibles ?

JK : Certains aspects de la construction d'une maison sont très complexes. Certains problèmes peuvent être résolus par l'automatisation, tandis que d'autres sont liés aux compétences.

Les compétences en matière de chauffage, de plomberie, de climatisation et d'électricité sont rares dans la construction de logements neufs. Pour élargir le réservoir de main-d'œuvre dans la construction neuve, nous pouvons réduire les compétences requises en simplifiant des tâches telles que le câblage. En utilisant moins de fils dans les murs et en simplifiant le câblage de la maison, on accélère le processus de construction et on permet aux constructeurs d'économiser du temps et de l'argent.

De plus, il existe de nombreuses économies que nous ne pouvons pas quantifier, mais dont nous savons qu'elles existent. Par exemple, sans boîtes de commutation dans les murs, il y a moins de pénétrations dans le pare-vapeur et les plaques de plafond, ce qui améliore l'enveloppe et l'efficacité de la maison. Le plaquiste peut travailler plus rapidement sans avoir à couper autour des boîtiers d'interrupteurs, et le peintre peut terminer plus vite sans avoir à réparer les erreurs de placoplâtre. Ces facteurs accélèrent l'ensemble du processus pour tous les corps de métier. Bien que nous ayons quantifié les économies réalisées dans le secteur de l'électricité, les effets d'entraînement profitent à toutes les personnes concernées.

BB : Si l'on considère cette question du point de vue de la société civile et de l'aspect politique de l'équation, je suis curieux de savoir s'il existe des défis ou des charges réglementaires auxquels sont confrontées les entreprises technologiques sur le marché du logement. Existe-t-il des cadres que nous pouvons modifier pour nous aider à construire des logements plus rapidement ?

JK : Oui. Eh bien, comme vous le savez, la saisie réglementaire augmente, elle ne diminue pas. Levven est en train de devenir un succès qui dure depuis 15 ans, et c'est en grande partie dû au fait que nous avons lancé notre premier commutateur sans fil en 2014. En 2015, le code canadien stipulait qu'il était impossible d'utiliser une commande murale sans fil, ce qui n'avait aucun sens pour nous à l'époque, mais c'était le code.

Il nous a fallu attendre 2021 pour que le code soit modifié au Canada et 2020 aux États-Unis. Ce n'est pas parce que le code a été modifié que toutes les provinces l'ont adopté - en fait, il n'a été adopté dans tout le Canada qu'en janvier 2023. Ce type de contrôle réglementaire aurait dû tuer Levven ; si nous n'avions pas eu notre autre activité de vente de contrôles pour les jacuzzis, nous n'aurions jamais survécu.

BB : Le fait que le gouvernement détermine ce qui est autorisé et ce qui ne l'est pas et que vous puissiez continuer à innover et à utiliser votre technologie pour toutes les bonnes choses constitue un élément important.

JK : Si nous voulons nous engager pleinement dans la voie de la durabilité, nous devons adopter de nouvelles technologies pour soutenir les innovateurs, sinon cela n'ira tout simplement pas assez vite. Et nous sommes confrontés à un problème de taille au Canada. Si l'on compare le nombre de maisons construites l'année dernière à celui de l'année précédente, on constate qu'il a diminué. Nous ne sommes pas dans la bonne direction et il reste encore beaucoup à faire.

BB : À l'ICC, nous avons vraiment cherché à savoir comment le Canada peut être un fabricant de normes plutôt qu'un preneur de normes en matière de produits et de processus technologiques innovants. En ce qui concerne les maisons intelligentes et la technologie intelligente qu'elles contiennent, quelles sont les économies que le consommateur peut réaliser à long terme en utilisant la technologie sans fil ?

JK : Oui. Imaginez un instant que la plupart des appareils avec lesquels vous interagissez dans votre maison soient connectés en réseau. Si vous pouvez le faire, ces appareils peuvent vous aider à vivre.

Permettez-moi de vous donner quelques exemples. Nous pourrions voir des réductions des coûts énergétiques en ayant simplement des appareils intelligents qui peuvent détecter les conditions d'éclairage et réduire automatiquement les lumières aux niveaux appropriés pour que nous puissions bien voir, tout en limitant la consommation d'énergie. Un autre exemple est la façon dont vous vieillissez dans votre maison. Vous pouvez rester plus longtemps si vous pouvez déplacer les interrupteurs pour qu'ils vous soient accessibles, ou si votre réfrigérateur vous aide à commander les aliments dont vous avez besoin pour que vous n'ayez pas à vous en occuper lorsque vous vieillissez. Votre chauffage et votre climatisation pourraient fonctionner à l'aide de capteurs de température répartis dans toute la maison, ce qui permettrait d'équilibrer le confort et la consommation d'énergie dans votre maison au fil du temps.  

Nous ne le voyons pas parce que, franchement, les maisons sont les choses les plus stupides avec lesquelles nous interagissons quotidiennement. Nous ne disposons pas encore d'une infrastructure intelligente suffisante, mais avec les idées que nous avons chez Levven, nous y travaillons. Lorsque l'on peut transformer toute une couche de contrôle en une couche intelligente, il existe de nombreuses possibilités d'ajouts et de capteurs supplémentaires pour que la maison fonctionne de manière plus efficace.

C'est alors que les choses deviennent vraiment intéressantes.

À propos du Conseil

Le Conseil des innovateurs canadiens est un conseil d'affaires national regroupant plus de 150 entreprises technologiques à grande échelle dont le siège social se trouve au Canada. Nos membres sont des créateurs d'emplois, des philanthropes et des experts en commercialisation dans l'économie numérique du 21e siècle.

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