Le Canada peut adopter dès maintenant le financement orienté vers le consommateur ou se laisser distancer davantage

4 août 2021

Par Jude Asare, analyste politique au Conseil des innovateurs canadiens

La banque a toujours été une affaire de relations. Rappelez-vous toutes les visites à la banque que vous avez faites avec vos parents ou vos grands-parents pour voir leur banquier dans votre agence locale. Ils savaient tout de nous et de la vitesse à laquelle nous grandissions, en plus des soldes des comptes et des limites de crédit de ceux qui s'occupaient de nous. C'était un événement de se rendre à la banque - cela faisait partie de la routine hebdomadaire avant que nous ayons des services bancaires en ligne et des applications pour smartphones qui géraient nos investissements. À l'époque, la confiance et la loyauté des clients envers les institutions étaient établies en fonction de la manière dont ils étaient traités et de la connaissance qu'avaient les banquiers de leurs clients.

Bien sûr, les services bancaires ont changé au fil des ans, avec l'automatisation et la technologie numérique ; la plupart des transactions qui se déroulaient autrefois dans une agence bancaire se font aujourd'hui sur Internet ou à un guichet automatique. Il est rare que nous mettions les pieds dans une agence ou que nous parlions face à face avec un être humain lorsque nous faisons appel à notre système financier. Et pourtant, dans le fond, la banque reste une affaire de relations.

Dans l'état actuel des choses, les banques détiennent toutes les données, ce qui signifie qu'elles ont tout le pouvoir et le contrôle dans la relation. Au Canada, ce déséquilibre des pouvoirs est encore accentué par le fait que les industries canadiennes sont "en moyenne deux fois plus concentrées que leurs homologues américaines". En outre, cinq banques canadiennes détiennent 89 % des parts de marché au Canada.

Hier, le gouvernement fédéral a finalement publié son rapport final sur l'open banking contenant des recommandations sur la façon de mettre en œuvre un cadre qui permet aux consommateurs de partager leurs informations en toute sécurité entre les institutions financières (IF) et les sociétés de technologie financière innovantes, ou fintechs.

Il préconise la mise en place d'un système bancaire hybride et ouvert, conçu au Canada, qui comporte les éléments fondamentaux suivants :

  • Des règles communes pour les participants au secteur bancaire ouvert afin de garantir la protection des consommateurs et la responsabilité de la partie fautive ;
  • un cadre et une procédure d'accréditation pour permettre aux fournisseurs de services tiers d'entrer dans un système bancaire ouvert ; et
  • Les spécifications techniques qui permettent un transfert de données sûr et efficace et qui servent les objectifs politiques établis.

En outre, elle partage l'avis de l'ICC selon lequel le gouvernement devrait nommer un tsar de l' Open Banking pour diriger et encadrer le développement du cadre. Les décideurs politiques canadiens discutent de l'Open Banking par intermittence depuis au moins quatre ans. Nous espérons que cette nomination interviendra rapidement et que l'engagement avec le secteur de la fintech se fera à un rythme plus soutenu.

Toutefois, la feuille de route pour la mise en œuvre est longue - entre 12 et 18 mois - et pendant cette période, le gouvernement devra contribuer à renforcer la confiance dans le secteur des fintechs en établissant des partenariats avec ces dernières pour la fourniture de services gouvernementaux, comme il le fait avec les IF.

Tout au long de la pandémie, de nombreux pays ont stratégiquement utilisé leurs fintechs nationales pour aider à soutenir et à rouvrir l'économie :

  • Aux États-Unis, les fintechs nationales ont participé à la dispersion des fonds par le biais du programme de protection des chèques de paie (PPP) du gouvernement fédéral.
  • Au Royaume-Uni, le gouvernement a accrédité plusieurs fintechs pour faire partie du Coronavirus Business Interruption Loan Scheme (CBILS).
  • Par ailleurs, le gouvernement australien a félicité les petits prêteurs qui, par leur participation au Structured Finance Support Fund (SFSC), favorisent l'innovation et la concurrence pour les prêteurs plus importants.

Le Canada n'a pas tiré parti de ses fintechs nationales pendant la pandémie pour distribuer l'aide fédérale aux entreprises ou aux particuliers. C'est une occasion manquée. Les concurrents des startups fintech canadiennes au Royaume-Uni et aux États-Unis ont été soutenus par l'adhésion de leurs gouvernements à l'open banking et font déjà de grands progrès.

Cela souligne la nécessité pour le gouvernement fédéral d'élaborer une stratégie économique pour soutenir et développer le secteur de la fintech au Canada. Au Royaume-Uni, le chancelier de l'Échiquier a demandé au Kalifa Review d'examiner ce qui pourrait être fait pour soutenir le secteur, et nous encourageons Ottawa à adopter une approche similaire.

Comme l'a déclaré Patrick Searle, de l'ICC, au Financial Post hier, "à ce jour, le Canada a été lent à mettre en place un régime de services bancaires ouverts et a pris du retard par rapport à d'autres juridictions dans l'introduction d'un cadre réglementaire agile qui permet aux nouveaux entrants et aux nouvelles technologies de pénétrer en toute sécurité dans le secteur réglementé. Le moment est venu pour le Canada d'adopter un cadre axé sur le consommateur pour notre système financier qui aide à stimuler le secteur croissant de la fintech au Canada tout en offrant aux consommateurs des moyens modernes, innovants et sûrs d'effectuer des opérations bancaires".

Une grande partie du travail préparatoire a déjà été effectué par les parties prenantes concernées. Par exemple, des organismes tels que le CIO Strategy Council sont engagés dans des discussions visant à élaborer des principes et des règles qui protégeront les droits et les données des clients. Nous pensons qu'ils sont très avancés dans leur travail et que les principes qu'ils ont établis pourraient constituer les règles de base pour la mise en œuvre du financement orienté vers le consommateur au Canada.

L'ICC accueille favorablement le rapport tant attendu du ministère des Finances du Canada et espère que le gouvernement examinera rapidement les recommandations tout en discutant avec les chefs de file canadiens de la fintech. Pour en savoir plus sur la position de l'ICC sur les services bancaires ouverts, consultez notre récent document d'orientation [ici](https://www.dropbox.com/s/ahgayedb3sivs16/CCI Policy Brief - Consumer Directed Finance (June 2021).pdf?dl=0).

En fin de compte, le Canada peut soit adopter le financement dirigé par le consommateur dès maintenant, soit se laisser distancer davantage.

Jude Asare est un étudiant en double diplôme qui poursuit une maîtrise en affaires mondiales (Munk School of Global Affairs and Public Policy) et un MBA à la Rotman School of Management. Il se passionne pour l'étude du rôle que jouent les gouvernements dans la stimulation des marchés et de l'innovation. À l'école Munk, ses recherches se situent à l'intersection de l'innovation, de la durabilité et du développement. Il est titulaire d'une licence en économie de l'université Cornell et a travaillé dans les secteurs bancaire et financier au Canada.

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